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6 artistes professionnels de l'UdeS exposent à la Galerie d'art

22 mai 2008

Suzanne Pressé

Les artistes professionnels enseignants de l'UdeS placent l'enseignement des arts visuels au cœur d'une relation particulière avec les étudiantes et étudiants en formation. Ce sont également des chercheurs qui poursuivent une démarche artistique personnelle et puissante.

Quand nous regardons les immenses photographies d'Élène Tremblay, nous l'imaginons déambulant à travers la ville, à l'affût des ruines qui jonchent les ruelles. C'est dans ces passages qui se dérobent aux regards, dans l'espace négatif de notre affairement, que gisent les vestiges de notre pouvoir d'achat : meubles caducs, matelas cernés aux ressorts défoncés, sacs de couchage crasseux. Une mise en scène minimale nous les montre dans une perspective frontale. L'artiste nous oblige ainsi à supporter leur présence par procuration. Quoi de mieux que cet étalage d'objets misérables pour exercer notre regard à toutes les choses que nous préférons ne pas voir. En permettant de se les réapproprier, Élène Tremblay dévoile ce que sont ces choses et comment elles se prolongent en nous.

Frontières || Borders || Fronteras est une installation-vidéo de Sébastien Pesot dans laquelle il est question de notre relation aux frontières physiques, culturelles et médiatiques en Amérique du Nord. Les images et les sons sont extraits des réseaux télévisuels canadiens, américains et mexicains. En lien à l'espace géopolitique du continent, trois téléviseurs sont superposés l'un sur l'autre, chacun proposant un court-métrage indépendant. Structuré en fonction de sa relation audiovisuelle aux deux autres, l'ensemble forme un triptyque vidéographique. Chaque vidéo a une narrativité propre, c'est-à-dire qu'elle présente une réalité et une structure qui en apparence sont autonomes, mais qui, au final, forment un montage global référant au village global de Marshall MacLuhan.

L'ensemble de la démarche de Brigitte Roy est axé sur ses thèmes privilégiés : les cycles naturels et les transformations, les réminiscences et l'identité féminine, l'exploration du rapport entre fantaisie et réalité, entre monde réel et monde rêvé. Depuis quelques années, l'artiste utilise des combinaisons ambiguës pour détourner le sens des choses. Elle s'amuse à comparer, à intervertir et à mettre en relation des éléments en apparence éloignés (motifs textiles, images anciennes, vêtements, végétaux ou animaux, dessins et objets de la nature) à travers des formes et des genres qui surprennent par leurs associations insolites.

Marie-Louise Guillemette puise aux sources du matériau, matière du monde ouverte sur l'imaginaire et le symbole. On pourrait qualifier son approche créatrice de poétique puisqu'elle utilise abondamment la métaphore pour exprimer sa pensée, sa vision, sa quête. Son exploitation du matériau et du langage plastique, sorte d'alphabet des arts visuels, l'amène à travailler avec des médiums et des matériaux variés dans des techniques multiples : peinture, dessin, gravure, impression, collage et sculpture.

La pratique d'Yvan Dagenais s'inscrit, quant à elle, dans une tradition de la fabrication d'images. L'artiste reproduit une façon de fabriquer ses images avec des outils traditionnels. Il peint d'observation. En d'autres mots, Yvan Dagenais construit une image pour le plaisir cérébral. «Je ne pense pas à traduire une émotion ou à défendre un concept. Quand je peins, je ne pense qu'à l'image en construction», confie-t-il.

De la sculpture à l'installation, de l'intégration des arts à l'architecture, Diane Boudreault privilégie la pratique environnementale de l'in situ. Artiste multidisciplinaire depuis 1981, elle utilise les lieux urbains, naturels, abandonnés, publics ou privés pour y réaliser des œuvres dans lesquelles elle intègre divers matériaux avec des objets récupérés transformés, des projections d'images, des photographies retouchées à l'ordinateur et des traces vidéographiques du processus de mise en forme. Son œuvre La sombra (2008) est l'aboutissement d'une recherche sur l'ombre qui plane sur la vie, les habitants d'un lieu et les objets du quotidien.

Ce sont là autant d'œuvres puissantes et bien construites qui méritent une visite à la Galerie d'art du Centre culturel de l'Université jusqu'au 7 juin. Entrée libre tous les jours de 12 h à 17 h et les soirs de spectacle du Centre culturel, de 18 h à 22 h.